La biographie de Reinaldo Arenas débute par la fin. Sa mort qu'il sait imminente ne sera que la conclusion attendue d'une maladie qui le détruit. L'écrivain cubain qui fit de sa lucidité une arme
littéraire tranchante décide alors d'écrire le roman de sa vie. Ce texte est un hymne à la vie et à l'esprit de révolte, à l'amour et à la liberté.
Reinaldo Arenas eut une vie hors du commun. Une existence de personnage de roman qu'il voua à l'écriture et à son combat contre la répression et la bêtise. Une enfance pauvre mais
libre. Ce livre parle de l'espoir en la révolution castriste et sa déception, des amours homosexuelles, de sa passion de l'écriture, de la censure, des travaux forcés, et de
l'emprisonnement...
Mon avis :
J'ai découvert un écrivain très fort à l'écriture poètique et sans tabou. L'auteur nous livre ses émotions à l'état brut, c'est très fort, ça remue. C'est un véritable appel à la liberté sans
concession pour la politique de Castro, pour Frédérico Garcia Marquez et pour le capitalisme américain.
J'ai retenu de très nombreux extraits, je ne vais pas tous les noter...mais les suivants sont particulièrement forts :
Dans le chapitre "Dans la rue"
"Le seul avantage, c'est qu'on pouvait voir la mer, la voir seulement, car on ne pouvait plus s'y baigner. Sur ordre du gouvernement, seuls les travailleurs syndiqués et à jour dans leur
cotisation menseulle avaient l'autorisation d'y aller. D'ailleurs, ces travailleurs ne pouvaient pas non plus fréquenter une plage de leur choix mais celle qui dépendait de leur syndicat. Pour
séparer les plages, on avait édifié de très hautes murailles qui s'avançaient jusqu'à la mer, la bureaucratie avait aussi atteint la mer. Moi qui étais sans travail, je n'avais même pas le droit
de m'approcher de l'une de ces plages, je pouvais tout au plus m'asseoir devant le front de mer. Là non plus, on n'avait pas le se baigner, si on y était surpris, on nous arrêtait. Comment vivre
dans une île sans avoir accès à la mer? J'avais toujours pensé que la seule chose à Cuba qui nous avait empêchés de sombrer dans la folie absolue, c'était la possibilité d'aller au bord de la
mer, d'entrer dans l'eau, de nager" 1976
"L'un des aspects les plus lamentables des tyrannies, c'est qu'on y prend tout au sérieur et que le sens de l'humour disparaît. Cuba a échappé à la réalité, au cours de l'histoire, à travers la
satire et la farce. Cependant, avec Fidel Castro, le sens de l'humour a disparu au point d'être banni. Le peuple cubain a perdu l'une de ses rares possibilités de survie; en lui ôtant le rire, on
a ôté au peuple le sens le plus profond des choses. Oui, les dictatures sont pudiques, guindées et absolument ennuyeuses."
Avant la nuit a été adapté au cinéma par Julian Schnabel en 2000.