Retour à Killybegs de Sorj Chalandon

Publié le par Xôfi

" A Belfast, on ne fuit pas le malheur, on prête assistance à ceux qu'il frappe".


  "J'ai froid de mon pays, mal de ma terre."

 

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L'histoire

L'auteur nous raconte l'histoire de  Tyrone Meehan, un irlandais qui a trahi. On voit comment se passe la vie en Irlande du Nord sur trois générations : L’enfance de Tyrone entre un père violent et une mère qui ploie sous le poids des nombreuses naissances et de la misère quotidienne. Puis la haine des Anglais, très tôt enseignée par le père. Ce dernier, décide d'en finir avec son existence et part se suicider dans l'océan mais il mourra de froid en chemin  dans un fossé. Commence alors l’engagement de Tyrone Meehan dans l’IRA, jusqu’à ce que le héros qu’il était passe de l’autre côté.  

 

Mon avis

C'est un livre fort, d'une écriture directe sans fioriture qui nous fait plonger dans le quotidien de cet homme, et dans celui des irlandais qui aiment par dessus tout leur pays. Peu à peu, ce livre gagne en intensité et la seconde partie est encore plus prenante. Dans un second temps, ce roman nous livre une  belle réflexion d'un homme obligé de trahir pour garder un secret, pour protéger les siens, pour empêcher la mort des gens qu'il apprécie ou pour éviter des morts violentes suite aux bombes artisanales. Ce roman est un  témoignage historique, une  histoire d'homme et une  histoire d'un engagement qui va très loin. Les passages évoquant la grève de l'hygiène, la grève de la faim et les tortures dans les prisons sont édifiants et poignants.


Ce roman a obtenu le Grand Prix du Roman de l'Académie Française 2011.

Roman à lire très vite !

 

Mes passages préférés

  "Je n'étais pas triste. Pourtant la tristesse, en Irlande, c'est ce qui meurt en dernier".


    "Je l'aimais. Les temps étaient étaient trop timides pour oser, et la ville savait tout des enfants. Une main qui en prenait une autre et voilà des dizaines de doigts tendus. Ce n'était ni méchant, ni moqueur. Mais l'impression qu'il y avait toujours un jugement derrière le rideau. Les Britanniques surveillaient nos gestes, l'IRA surveillait notre engagement, les curés surveillaient notre pensée, les parents surveillaient notre enfance et les fenêtres surveillaient nos amours. Rien ne nous cachait jamais. "


  " Un policier m'a frappé l'oeil à coups de crosse de fusil. Il a cogné maman. Au bras, au visage pour lui faire lâcher prise. Elle est tombée, les mains devant la bouche. Maman à terre. Mon premier vrai cri de vengeance. Celui qui fait se lever et combatte. Qui cogne au ventre lorsque le coeur hésite. Maman à terre. Ses lèvres, mon visage, sa salive et mon sang."


  "Je criais de douleur. Les autres hurlaient de rage. Des poings invisibles cognaient violemment les portes des cellules. IRA! IRA! IRA! Je ne sentais plus l'odeur de la prison. Je n'entendais plus son métal. J'avais du sang dans la bouche, les oreilles en flammes, le nez écrasé. Le vacarme était en moi. J'ai pensé aux coups de mon père. Ma tête en pierre. Mes yeux brûlants. Mes yeux barbouillés de bave pour lui faire croire à des larmes. Il y eut un coup de sifflet brusque. Deux gardiens nous ont jeté une bassine d'eau glacée. J'avais froid de peur en arrivant, maintenant j'étais gelé de douleur."

 

 

 

Publié dans Littérature

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M
une idée de lecture originale, du moins pour moi qui ai souvent vu des film sur l'Irlande mais jamais rien lu.<br /> Merci pour cette découverte
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R
C'est un livre sur le pardon, sur la nécessité de comprendre avant de condamner;c'est l'histoire d'une passion pour un pays et de la fascination pour un homme...
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