L'histoire
Ce roman a plusieurs aspects : Il raconte une histoire d'amour passionnel entre David Kolski, directeur de travaux dans le bâtiment, la quarantaine, marié et plein
de doute sur lui-même et Victoria de Winter, une très belle femme charismatique, DRH dans grande société britannique. Une relation intense et débridée commence entre Paris et Londres, dans les
luxueuses chambres d’hôtel que loue Victoria. C'est cette passion, cette soif de vivre tous leurs fantasmes sexuels qui causera leur perte. Mais c'est aussi une sorte de thriller économique dans
le monde du BTP : David dirige les travaux de la tour Uranus à la Défense, un immense building vendu sur plan à des banques et à des sociétés russes. La pression qui pèse sur les épaules de David
est à la hauteur des enjeux techniques et financiers du projet, avec un promoteur impitoyable, qui lui ordonne d’accélérer les travaux, des équipes d’ouvriers désemparées et des clients qui
pensent à toutes les pénalités qu’ils toucheront en cas de retard...
Mon avis
Ce roman est un pavé de 522 pages qui se lit vite, tant il est prenant. Quant au style, il est très travaillé. C'est un livre bien construit et efficace comme un
roman policier avec des indices, des flash-backs et des intrigues entrelacées. Dès le début, nous apprenons que la vie de Victoria finira mal et nous comprenons peu à peu comment son
« système » de vie même si il semble parfait va finir par la détruire. On suit avec attachement le combat de David contre un système : le système amoureux de Victoria, qui se blinde et
manipule ses amants, le système juridique et financier des grandes sociétés. Au fil des pages, une vraie tension dramatique se met en place. J'ai particulièrement aimé les passages qui
parle de la femme de David, ils sont très touchants et forts.
Bref, c''est un livre que je conseille vivement.
Pour vous donner une idée du style et du contenu, voici quelques uns de mes passages préférés :
Sur le destin, les chemins que nous prenons et les autres...
"Voilà comment dans la vie il peut arriver qu'on se laisse entraîner sur un chemin qu'on ne
voit pas. On effectue quelques pas que l'on trouve anodins mais sans s'apercevoir qu'ils sont en train de créer un chemin,mais sans comprendre que le premier de tous les pas que l'on peut faire
nous engage toujours dans une direction. Pendant qu'on multiplie les sms sur le clavier de son smartphone et que s'enchaînent les phrases et les réponses et les sourires pensifs qu'elles
occasionnent, on ne voit devant soi que le vide de l'inconnu, et l'espace vierge de ce qui n'a pas encore eu lieu;en réalité, rien d'autre n'est persceptible que sa propre énergie. Il suffirait
de se retourner pour mesurer la distance qu'on vient de parcourir et qui fait qu'à présent on se trouve assez loin de son point de départ; on comprendrait du même coup qu'il sera difficile de se
remettre dans la situation initiale,à moins de produire un effort inflexible, de prendre une décision violente ou de se renier brutalement."
Sur la naissance du sentiment amoureux
"Et en dépit de ces données contradictoires qui me bousculent, ou peut-être en raison de ce désordre, je sens bien
que s'est allumé au fond de moi un point dont je connais pertinemment l'existence, mais surtout la nature : le point ardent de l'attachement, voire de l'amour. Je sais que c'est à cet endroit que
naît l'amour quand il naît. C'est là que tout commence, en général."
Sur notre société qui priviligie encore et toujours les plus favorisés
"Tous ces miles accumulés par tes déplacements professionnels et dont tu profites en famille, en emmenant tes enfants
en voyage : ce système de miles, c'est l'un des nombreux exemples de vos arrangements de caste. Pourquoi les miles des dirigeants ne seraient-ils pas versés dans une caisse commune, pour ceux des
salariés qui ne peuvent pas s'offrir de vraies vacances? Tu as besoin de e système de miles pour t'acheter des billets d'avion, toi qui gagnes 350 000 euros par an? C'est ça qui me dégoûte, vous
avez tout prévu, entre vous, pour avoir la meilleure vie possible, et personne ne vient vous contredire."