La solitude des nombres premiers

Publié le par Xôfi

Premier roman écrit par un auteur italien "Paolo Giordano". En 2008, ce jeune auteur de 26 ans préparant une thèse de physique fondamentale reçoit le prix Strega qui est l'équivalent de notre prix Goncourt en France.

 

L'histoire...

Ce roman nous présente les vies de deux personnages bien spécifiques :  Alice, jeune anorexique rendue handicapée par un accident de ski, et Mattia, surdoué des mathématiques traumatisé par sa responsabilité dans la disparition de sa soeur jumelle handicapée mentale. Les destins de ces deux anti-héros solitaires (presque asociaux) vont se croiser, se perdre et se retrouver de l'adolescence à l'âge adulte.

 

 

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Mon avis

Rien d'exceptionnel dans la narration mais l'auteur a un style vif, parfois presque cynique pour décrire les sentiments que ressentent ces deux personnages comme la peur, la souffrance, la honte, l'amour et la culpabilité. La description des personnages est juste sans tomber dans la caricature de la jeune femme anorexique et du jeune homme passionné par les mathématiques à la limite de l'autisme.

J'ai beaucoup aimé ce roman : c'est un livre particulier, poignant  qui touche et qui blesse parfois.

 

Extraits

 

" Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes. Ils occupent leur place dans la série infinie des nombres naturels, écrasés comme les autres entre deux semblables, mais à un pas de distance. Ce sont des nombres soupçonneux et solitaires, raison pour laquelle Mattia les trouvait merveilleux. Il lui arrivait de se dire qu'ils figuraient dans cette séquence par erreur, qu'ils y avaient été piégés telles des perles enfilées. Mais il songeait aussi que ces nombres auraient peut-être préféré être comme les autres, juste des nombres quelconques, et qu'ils n'en étaient pas capables. Cette seconde pensée l'effleurait surtout le soir, dans l'entrelacement chaotique d'images qui précède le sommeil, quand l'esprit est trop faible pour se raconter des mensonges." 

 

"Elle avait l'impression de ne pas avoir de passé, de ne pas savoir d'où elle venait. Elle était fatiguée, de cette fatigue que seul le vide procure".

 

Alice demande à Mattia si il aime vraiment travailler.

Réponse de Mattia :

 

" C'est la seule chose que je sais faire, murmura t-il. Il aurait voulu expliquer qu'il aimait ça parce que c'était une activité solitaire, parce que les sujets d'étude étaient morts, froids et mâchés. Il aurait voulu expliquer que les pages des manuels ont toutes la même température, qu'elles vous laissent le temps de choisir, qu'elles ne font jamais de mal et qu'on ne peut pas leur faire de mal. Mais il garda le silence." 

 

Alice se fait faire un tatouage et ...

 

" Cette fois elle se contenta de penser que l'épiderme avait rougi tout autour du dessin. Elle se demanda si la peau reprendrait sa couleur naturelle, et sa gorge se noua un instant sous l'effet de la panique.  Puis elle chassa de son esprit cette préoccupation stupide. Le fait que chacun de ses actes dut toujours lui sembler irrémédiable, définitif, l'insupportait. Elle appelait ça le poids des conséquences (...).

Publié dans Littérature

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E
Voir Blog(fermaton.over-blog.com)No.22- THÉORÈME ÉTAT. - Nombres Premiers et Conscience.
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R
Oui, c'est un beau roman, bien que triste, qui évoque la différence avec subtilité, celle de deux écorchés de la vie qui se reconnaissent mais n'arrivent pas à s'aimer totalement...Ni avec toi, ni<br /> sans toi!
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